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sur le genre d’affection qu’elle me rendait. C’était toute grâce, tout charme, toute séduction de sa part. C’était tout dévouement, toute sollicitude, toute tendresse de la mienne, et il semblait que ce fût pour le mieux, car notre amitié se complétait par ce que chacune de nous y apportait.

Cependant le bonheur qui m’était donné par Césarine et par son père ne remplissait pas tout le vœu de mon cœur. Il y avait une personne, une seule, que je leur préférais, et dont la société constante m’eût été plus douce que toute autre : je veux parler de mon neveu Paul Gilbert. C’est pour lui que j’étais entrée chez les Dietrich, et s’il en eût témoigné le moindre désir, je les eusse quittés pour mettre ma pauvreté en commun avec la sienne, puisqu’il persistait, avec une invincible énergie, à ne profiter en rien de mes bénéfices. Je n’aimais décidément pas le monde, pas plus le groupe nombreux que Césarine appelait son intimité que la foule brillante entassée à de certains jours dans ses salons. Mes heures fortunées, je les passais dans mon appartement avec deux ou trois vieux amis et mon Paul, quand il pouvait arracher une heure à son travail acharné. Je le voyais donc moins que tous les autres, c’était une grande privation pour moi, et souvent je lui parlais de louer un petit entre-sol dans la maison voisine de sa librairie, afin qu’il pût venir au moins dîner tous les jours avec moi.

Mais il refusait de rien changer encore à l’arrangement de nos existences.