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ou folles aventures qu’un garçon raconte tout au plus à ses camarades ?

— Non certes ; mais cette fois-ci vous avez été coupable, m’avez-vous dit…

— Raison de plus pour me taire.

— C’est envers Césarine que vous l’avez été, puisque vous voilà revenu à elle avec une souillure que vous n’aviez pas.

— Eh bien ! soit, dit-il. Je me confesserai quand il le faudra ; mais, pour que j’aie ce courage, il faut que je me voie aimé. Jusque-là, je ne suis obligé à rien. Je suis redevenu libre. Je lui sacrifie un petit amour assez vif : que ne ferait-on pas pour conquérir le sien ?

Césarine l’aimait-elle ? Au plaisir qu’elle montra de le remettre en servage, on eût pu le croire. Elle avait souffert de son absence. Son orgueil en avait été très-froissé. Elle n’en fit rien paraître et le reçut comme s’il l’eût quittée la veille : c’était son châtiment, il le sentit bien, et, quand il voulut revenir à ses espérances, elle ne lui fit aucun reproche ; mais elle le replaça dans la situation où il était l’année précédente : assurances et promesses d’amitié, défense de parler d’amour. Il se consola en reconnaissant qu’il était encore le plus favorisé de ceux qui rendaient hommage à son idole.

Je terminerai ici la longue et froide exposition que j’ai dû faire d’une situation qui se prolongea jusqu’à l’époque où Césarine eût atteint l’âge de sa majorité. Je comptais franchir plus vite les cinq années que je