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Il remontra qu’une jeune fille ne peut faire son ami d’un homme épris d’elle.

— C’est pourtant ce à quoi j’aspire d’une façon générale, répondit Césarine. Je trouve l’amitié des hommes plus sincère et plus noble que celle des femmes, et, comme ils y mêlent toujours quelque prétention de plaire, si on les éloigne, on se trouve seule avec les personnes du sexe enchanteur, jaloux et perfide, à qui l’on ne peut se fier. Je n’ai qu’une amie, moi, c’est Pauline. Je n’en désire point d’autre. Il y a bien ma tante ; mais c’est mon enfant bien plus que mon amie.

— Mais, en fait d’amis, vous avez moi et votre oncle. Vous ferez bien d’en rester là.

— Vous oubliez, cher père, quelques douzaines de jeunes et vieux cousins qui me sont très-cordialement dévoués, j’en suis sûre, et à qui vous trouvez bon que je témoigne de l’amitié. Aucun d’eux n’aspire à ma main. Les uns sont mariés, ou pères de famille ; les autres savent trop ce qu’ils vous doivent pour se permettre de me faire la cour. Je ne vois pas pourquoi le marquis ne ferait pas comme eux, pour une autre raison : la crainte de m’ennuyer.

— Heureusement le marquis n’acceptera point cette situation ridicule.

— Pardon, mon papa ; faute de mieux, il l’accepte.

— Ah oui-da ! vous lui avez dit : « Soyez mon complaisant pour le plaisir de l’être ? »

— Non, je lui ai dit : « Soyez mon camarade jusqu’à nouvel ordre. »