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— Il est certain, lui répondis-je, que dans le temps d’égoïsme et de méfiance où nous vivons, accepter le mérite d’une femme supérieure sans raillerie et sans crainte n’est pas le fait de tout le monde ; mais puis-je vous demander si c’est le goût et le respect du mérite en général qui vous rassure, ou si vous voyez dans ce cas particulier des qualités particulières qui vous charment ?

— Il y a de l’un et de l’autre. Me sentant épris du beau et du bien, je le suis d’autant plus de la personne qui les résume.

— Ainsi vous êtes épris de Césarine ? Vous n’êtes pas le seul ; tout ce qui l’approche subit le charme de sa beauté morale et physique. Il faut donc un dévouement exceptionnel pour obtenir son attention.

— Je le pense bien. Je connais la mesure de mon dévouement et ne crains pas que personne la dépasse ; mais il y a mille manières d’exprimer le dévouement, tandis que les occasions de le prouver sont rares ou insignifiantes. L’expression d’ailleurs charme plus les femmes que la preuve, et j’avoue ne pas savoir encore sous quelle forme je dois présenter l’avenir, que je voudrais promettre riant et beau au possible.

— Ne me demandez pas de conseils ; je ne vous connais point assez pour vous en donner.

— Connaissez-moi, mademoiselle de Nermont, je ne demande que cela. Quand mademoiselle Dietrich m’interpelle, elle me trouble, et peut-être n’est-ce pas la vérité vraie que je lui réponds. Avec vous, je serai moins timide, je vous répondrai avec la confiance