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misanthrope pour son âge. Je m’efforcerai de le guérir de sa méfiance et de sa sauvagerie.

— Et vous me le présenterez l’hiver prochain ?

— Je ne crois pas que je puisse l’y décider ; c’est une nature en qui la douceur n’empêche pas l’obstination.

— Alors il me ressemble ?

— Oh ! pas du tout, c’est votre contraire. Il sait toujours ce qu’il veut et ce qu’il est. Au lieu de se plaire à influencer les autres, il se renferme dans son droit et dans son devoir avec une certaine étroitesse que je n’approuve pas toujours, mais qu’il me faut bien lui pardonner à cause de ses autres qualités.

— Quelles qualités ? Je ne lui en vois déjà pas tant !

— La droiture, le courage, la modestie, la fierté, le désintéressement, et par-dessus tout son affection pour moi.

Nous fûmes interrompues par l’arrivée au salon du marquis de Rivonnière. Césarine donna un coup d’œil au miroir, et, s’étant assurée que sa tenue était irréprochable, elle me quitta pour aller le recevoir.

Ce serait le moment de poser dans mon récit ce personnage, qui depuis quelques semaines était le plus assidu de nos voisins de campagne ; mais je crois qu’il vaut mieux ne pas m’interrompre et laisser à Césarine le soin de dépeindre l’homme qui aspirait ouvertement à sa main.

— Que pensez-vous de lui ? me dit-elle quand il fut parti.