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bien, et quand il me traite d’incomparable, cela veut dire qu’il me trouve laide.

— Il ne vous a jamais vue !

— Si fait ! Comment pouvez-vous croire qu’il serait venu pendant quatre hivers chez vous sans que je l’eusse jamais rencontré ? Vous avez beau demeurer dans un pavillon de l’hôtel qui est séparé du mien, vous avez beau ne le faire venir que les jours où je sors, j’étais curieuse de le voir, et une fois, il y a deux ans, moi et mes trois cousines, nous l’avons guetté comme il traversait le jardin ; puis, comme il avait passé très-vite et sans daigner lever les yeux vers la terrasse où nous étions, nous avons guetté sa sortie en nous tenant sur le grand perron. Alors il nous a saluées en passant près de nous, et, bien qu’il ait pris un air fort discret ou fort distrait, je suis sûre qu’il nous a très-bien regardées.

— Il vous a mal regardées, au contraire, ou il n’a pas su laquelle des quatre était vous, car, l’année dernière, il a vu chez moi votre photographie, et il m’a dit qu’il vous croyait petite et très-brune. C’est donc votre cousine Marguerite qu’il avait prise pour vous.

— Alors qu’est-ce qu’il a dit de ma photographie ?

— Rien. Il pensait à autre chose. Mon neveu n’est pas curieux, et je le crois très-peu artiste.

— Dites qu’il est d’un positivisme effroyable.

— Effroyable est un peu dur ; mais j’avoue que je le trouve un peu rigide dans sa vertu, même un peu