Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/314

Cette page n’a pas encore été corrigée

pas voulu discuter avec moi. Ils m’ont traité comme un enfant, mais comme un enfant qu’on aime. Ils m’ont pris, bon gré, mal gré, dans leur voiture, et ils m’ont promené à travers toutes les élégances de Paris, pour bien montrer que j’étais guéri, pour faire croire que je n’étais pas aliéné, et que ma femme prétendait vivre avec moi. Cela m’a fait du mal et du bien ; je vois qu’elle se préoccupe de ma dignité, et qu’elle veut sauver le ridicule de ma situation. Je lui en sais gré ; elle agit noblement, en femme qui veut faire respecter le nom qu’elle porte. Elle me fait encore un plus grand bien, elle détruit ma jalousie, car, en feignant d’être à moi, elle rompt avec les espérances qu’elle a pu encourager. Il n’y a qu’un lâche qui accepterait ce partage même en apparence, et l’homme que je soupçonnais de l’aimer malgré lui est homme de cœur et très-orgueilleux ; tout cela est bon et bien de la part de ma femme et de son père, et aussi de cette excellente Nermont, qui a toujours donné les meilleurs conseils.

— Monsieur ne sait pas qu’ils ont passé la nuit ici, et qu’ils y sont encore ?

— Que me dis-tu là ? Malheur à moi ! ils m’ont vu dans mon accès !

— Non, monsieur, mais ils auraient pu vous voir. Vous n’avez pas eu d’accès.

— Tu mens, Dubois ; j’en ai toutes les nuits ! Valbonne l’a avoué ; j’ai bien entendu, je me souviens bien ! Ma femme a voulu s’assurer de la vérité, elle sait à présent que je ne suis plus un homme, et qu’elle ne pourra jamais m’aimer !