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phénomènes de l’accès. Dubois laissa les portes ouvertes sous la tenture rabattue.

Césarine, restée au salon avec moi, allait et venait sans bruit. Bientôt elle m’appela pour écouter aussi. Le marquis souffrait beaucoup et se plaignait à Dubois comme un enfant. Le brave homme le réconfortait, lui répétant sans se lasser :

— Ça passera, monsieur, ça va passer.

La souffrance augmenta, le malade demanda ses pistolets, et ce fut une exaspération d’une heure environ, durant laquelle il accabla Dubois d’injures et de reproches de ce qu’il voulait lui conserver la vie ; mais il n’avait pas l’énergie nécessaire pour faire acte de rébellion, la souffrance paralysait sa volonté. Tout à coup elle cessa comme par enchantement, il se mit à déraisonner. Il parlait assez bas ; nous ne pûmes rien suivre et rien comprendre, sinon qu’il passait d’un sujet à un autre et que ses préoccupations étaient puériles. Nous entendions mieux les réponses de Dubois, qui le contredisait obstinément ; à ce moment-là il ne craignait plus de l’irriter :

— Vous savez bien, lui disait-il, qu’il n’y a pas un mot de vrai dans ce que vous me dites. Vous êtes à Paris et non à Genève ; l’horloger n’a pas dérangé votre montre pour vous jouer un mauvais tour. Votre montre va bien, aucun horloger n’y a touché.

Nous entendîmes le marquis lui dire :

— Ah ! voilà ! tu me crois fou ! c’est ton idée !

— Non, monsieur, répondit le patient vieillard. Je vous ai connu tout petit, je vous ai, pour ainsi dire,