Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/309

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’avoir trop accusée, je l’ai trop justifiée ; mais tout à l’heure, quand elle m’a dit :

« — C’est vous qui me conseillez d’être la femme d’un autre ? »

J’ai compris son illusion, son travail, son but. Déjà je les avais pressentis hier dans son attitude vis-à-vis de Marguerite, dans son sourire amer, dans ses paroles blessantes ; elle n’est pas si forte qu’elle le croit, elle ne l’est du moins pas plus que moi. Et pourtant je ne suis pas un héros, je vous le répète, ma tante ; je suis l’homme de mon temps, que la femme ne gouvernera plus, à moins de devenir loyale et d’aimer pour tout de bon ! Encore un peu de progrès, et les coquettes, comme tous les tyrans, n’auront plus pour adorateurs que des hommes corrompus ou efféminés !

Il me laissa rassurée sur son compte, mais inquiète de Césarine. Je n’osais la rejoindre ; je demandai à voir M. Dietrich, il était sorti avec elle.

Bertrand vint au bout d’une heure me dire, de la part de la marquise, que M. de Rivonnière était calme et qu’elle me priait de venir passer la soirée chez lui à huit heures. Je fus exacte. Je trouvai le marquis mélancolique, attendri, reconnaissant. Césarine me dit devant lui dès que j’entrai :

— Nous ne t’avons pas invitée à dîner parce qu’ici rien n’est en ordre. Le marquis nous a fait très-mal dîner ; ce n’est pas sa faute. Demain je m’occuperai de son ménage avec Dubois, et ce sera mieux. En revanche, nous avons fait une charmante promenade au bois, par un temps délicieux ; tout Paris y était.