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prononcer qu’il était incapable de gérer ses affaires ou de manquer d’égards à qui que ce soit. Il avait causé avec lui après l’accès et l’avait trouvé bien portant de corps et d’esprit. Il ne jugeait point qu’il eût jamais eu le cerveau faible. Il le croyait en proie à une maladie nerveuse, résultat de sa blessure ou de la grande passion sans espoir qu’il avait eue et qu’il avait encore pour sa femme.

Là se présentait une alternative sans issue. En cédant à son amour, Césarine le guérirait-elle ? S’il en était ainsi, n’était-il pas à craindre que les enfants résultant de cette union ne fussent prédisposés à quelque trouble essentiel dans l’organisation ? Le médecin ne pouvait et ne voulait pas se prononcer. M. Dietrich sentait que sa fille se tuerait plutôt que d’appartenir à un homme qui lui faisait peur, et dont elle eût rougi de subir la domination. Il se retira sans rien conclure. Il n’y avait qu’à patienter et attendre, essayer un rapprochement purement moral, en observer les effets, séparer les deux époux, si le résultat des entrevues était fâcheux pour le marquis ; alors on tenterait de le faire voyager encore. On ne pouvait s’arrêter qu’à des atermoiements ; mais en tout cas, jusqu’à nouvel ordre, M. Dietrich voulait que l’état du marquis fût tenu secret, et Dubois affirmait que la chose était possible vu les dispositions locales de son hôtel et la discrétion de ses gens, qui lui étaient tous aveuglément dévoués.

Deux heures plus tard, M. de Valbonne, arrivé dans la nuit, venait s’entretenir du même sujet avec M. Dietrich : M. de Valbonne était absolu et cassant. Il