Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/291

Cette page n’a pas encore été corrigée

les a rendues beaucoup plus violentes. Il m’a fallu l’envoyer promener, me quereller un peu avec mon pauvre Valbonne, et les planter là pour ne pas devenir victime de leur dévouement à ma personne.

— Les planter là ! dit Césarine ; vous n’êtes donc pas revenu avec eux ?

— Je suis revenu tout seul avec mon pauvre Dubois, qui est mon meilleur médecin, lui ! Il sait bien qu’il ne faut pas s’acharner à contrarier les gens, et quand je souffre, il patiente avec moi. C’est tout ce qu’il y a de mieux à faire.

— Et les autres, où sont-ils ?

— Valbonne et le médecin ? Je n’en sais rien ; je les ai quittés à Marseille, d’où ils voulaient me faire embarquer pour la Corse, sous prétexte que j’y trouverais un climat d’été à ma convenance. J’en avais accepté le projet, mais je ne m’en souciais plus. J’ai confié à Dubois ma résolution de venir me reposer à Paris, et nous sommes partis tous deux, laissant les autres aux douceurs du premier sommeil. Ils ont dû courir après nous, mais nous avions douze heures et je pense qu’ils seront ici demain.

— Tout ce que vous me contez là est fort étrange, reprit Césarine ; je ne vous savais pas si écolier que cela, et je ne comprends pas un médecin et un ami tyranniques à ce point de forcer un malade à prendre la fuite. Ne dois-je pas plutôt penser que vous avez eu la bonne idée de me surprendre, et que vous n’avez pas voulu laisser à vos compagnons de voyage le temps de m’avertir ?