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même pas ; essaye, je veux bien, quitte-moi, va vivre avec lui en lui disant que tu as horreur de ma perversité. Il te recevra à bras ouverts, mais tu liras à toute heure cette réflexion dans ses yeux attristés : ma pauvre tante est folle, cela me met sur les bras deux malades à soigner !

M’ayant ainsi terrassée, elle s’en alla tranquillement écrire à Paul qu’elle l’approuvait infiniment de ménager les souffrances de sa compagne, qu’elle respectait son désir de ne pas la revoir de quelque temps, mais qu’elle ne pouvait se résoudre à paraître fâchée, vu qu’elle pardonnait tout à la mère de l’adorable petit Pierre. — Puis trois pages de post-scriptum pour demander l’opinion de Paul sur quelques ouvrages à consulter. — La correspondance était entamée. Ses réponses remplirent tous les loisirs de Paul, car elle sut l’obliger à lui écrire tous les soirs où il s’était condamné à ne plus aller chez elle.

Un matin, Marguerite tomba chez nous à l’improviste. Paul l’avait amenée à Paris pour acheter quelques objets nécessaires à leur enfant, et elle s’était échappée pour voir sa marquise ; elle la suppliait de ne pas la trahir.

— Je sais bien que je désobéis, ajouta-t-elle ; mais je ne peux pas vivre comme cela sans vous demander pardon. Je sais que vous ne m’en voulez pas, mais je m’en veux, moi, je me déteste d’avoir été si insolente et si mauvaise avec vous. Je ne le serai plus, vous êtes si grande et Paul est si bon ! Quand il a vu comme je me tourmentais de vos lettres, il me les a montrées.