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me disant que j’avais tort de la gronder, qu’il fallait persuader et non brusquer les enfants malades. Marguerite sanglota à ses pieds, la couvrit de caresses, lui demanda pardon, jura cent fois de ne plus être folle, et, entendant revenir Paul, s’enfuit au fond du jardin pour qu’il ne vit pas ses larmes.

Mais il les vit, s’en affecta et m’écrivit le lendemain la lettre suivante :

« Ma pauvre Marguerite est malade, malade d’esprit surtout. Je l’ai confessée, je sais qu’elle a dit des choses insensées à madame de Rivonnière. Je sais aussi que madame de Rivonnière est trop saintement sage pour voir en elle autre chose qu’une pauvre enfant à plaindre, à soigner, à guérir. Je sais qu’elle y serait toute résignée, qu’elle en aurait la patience, et que sa pitié serait inépuisable ; mais ici, qu’elle me le pardonne, ma fierté ou plutôt ma discrétion d’autrefois reparaît. Je ne dois imposer qu’à moi-même le soin de guérir ma malade. Je crois que ce sera très-facile. Il suffit que je m’abstienne pendant quelque temps de rester à Paris le soir. Je vais m’arranger pour vous présenter quelquefois mes respects vers cinq heures, puisqu’on vous trouve à cette heure-là, et je me priverai des bonnes causeries de l’après-dînée. Priez madame de Rivonnière d’être moins parfaite, c’est-à-dire d’être un peu sévère et de feindre de bouder ma compagne pendant une semaine ou deux. Il ne faut pas que l’enfant s’habitue à offenser impunément ce qu’au fond du cœur elle chérit et respecte. Ne vous tourmentez pas, ma