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allait chaque soir les retrouver, et chaque matin, avant de partir, il arrosait lui-même un carré de plantes qu’il avait la jouissance de voir croître et fleurir. Il n’avait jamais eu d’autre ambition que de posséder un hectare de bonne terre, et il comptait acheter l’année suivante celle qui lui était louée. Il pouvait désormais quitter son bureau à cinq heures ; il dînait à Paris et venait souvent nous voir après. Dès que les pendules marquaient neuf heures, quelque intéressante que fût la conversation, il disparaissait pour aller prendre le dernier train et rejoindre sa famille. Quelquefois il acceptait de dîner avec nous et quelques-unes des notabilités dont s’entourait la marquise.

Un jour que nous l’attendions, je reçus un billet de lui.

« Je suis effrayé, ma tante, disait-il ; Marguerite me fait dire que Pierre est très-malade ; j’y cours. Excusez-moi auprès de madame de Rivonnière. »

— Prends ma voiture et cours chez mon médecin, me dit Césarine, emmène-le chez ton neveu. Je t’accompagnerais si j’étais libre ; je te donne Bertrand, qui ira chez les pharmaciens et vous portera ce qu’il faut.

Je me hâtai. Je trouvai le pauvre enfant très-mal, Paul au désespoir, Marguerite à peu près folle. Le médecin de l’endroit qu’on avait appelé s’entendit avec celui que j’amenais. L’enfant, mal vacciné, avait la petite vérole. Ils prescrivirent les remèdes d’usage et se retirèrent sans donner grand espoir, la maladie