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pauvre personne, à qui j’aurais dû pardonner un instant de coquetterie suivi de puérils efforts pour dissiper mes préoccupations. Tout cela est à jamais effacé par notre double mariage. J’ai reconnu que votre élève avait des qualités réelles qui font contrepoids à ses défauts ; j’imagine qu’elle a renoncé pour toujours à me faire du bien. Elle en trouvera tant d’autres qui s’y prêteront de bonne grâce ! D’ailleurs je ne suis plus intéressant. Mon patron vient de m’associer à une affaire qui ne valait rien et que j’ai rendue bonne. Mes ressources sont donc en parfait équilibre avec les besoins de ma petite famille. Marguerite est heureuse, la Féron est repentante et pardonnée, Petit-Pierre a recouvré l’appétit ; il a deux dents de plus. Embrasse-moi, marraine, dis que tu es contente de moi, puisque je suis content de moi-même.

Je l’embrassai, je l’approuvai, je lui cachai le secret chagrin que me causait son mariage avec une fille si peu faite pour lui, quelque dévouée qu’elle pût être. Je lui cachai également le plaisir que j’éprouvais de le voir délivré du malheur de plaire à Césarine. Il ne voulait plus croire à ce danger dans le passé. Je l’en croyais préservé dans l’avenir : nous nous trompions tous deux.

Dès le lendemain, un mieux très-marqué se manifesta chez le marquis, et sa sœur ne manqua pas d’attribuer ce miracle à la vertu du confesseur. Césarine et son père le virent un instant, comme il était convenu. Il refusa de les laisser prolonger cette