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— Voici, me dit-il, ce qui s’est passé, ce que je te cache depuis une quinzaine. Il est bon de résumer ici dans quels termes j’étais avec M. de Rivonnière au lendemain du duel. Il m’avait accusé en lui-même, et auprès de ses amis probablement, d’aspirer à la main de mademoiselle Dietrich. En me voyant défendre mon honneur au nom de ma maîtresse et de mon enfant, il s’était repenti de son injustice, et il m’estimait d’autant plus qu’il ne voyait plus en moi un rival. Pourtant il lui restait un peu d’inquiétude pour l’avenir, car il a pensé à l’avenir durant les quelques jours où son état s’est amélioré. Il m’a envoyé M. de Valbonne qui m’a dit :

« — Vous m’avez presque tué mon meilleur ami, vous en avez du chagrin, je le sais, vous voudriez lui rendre la vie. Vous le pouvez peut-être. La femme qu’il aime passionnément aime un autre que lui. À tort ou à raison, il s’imagine que c’est vous. Si vous étiez marié, elle vous oublierait. Ne comptez-vous pas épouser celle pour qui vous avez si loyalement et si énergiquement pris fait et cause ?

« J’ai répondu que cette fantaisie de mademoiselle Dietrich pour moi m’avait toujours paru une mauvaise plaisanterie, répétée de bonne foi peut-être par les personnes que le marquis avait eu le tort de mettre dans sa confidence.

« — Mais si ces personnes ne s’étaient pas trompées ? reprit M. de Valbonne.

« — Je n’aurais qu’un mot à répondre : je ne suis