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Ainsi c’était pour elle victoire sur toute la ligne. Personne ne se méfiait plus d’elle, ni chez elle, ni chez Paul, ni dans le monde.

La faiblesse extrême du marquis s’était dissipée durant les délais obligatoires. Le mal avait changé de nature. Le poumon était guéri, on permettait au malade de parler un peu et de passer quelques heures dans un fauteuil. La maladie prenait un caractère mystérieux qui déroutait la science. Le sang se décomposait. La tête était parfaitement saine malgré une fièvre continue, mais l’hydropisie s’emparait du bas du corps, l’estomac ne fonctionnait presque plus, les nuits étaient sans sommeil. Il montrait beaucoup d’impatience et d’agitation. On ne songeait plus qu’à le deviner, à lui complaire, à satisfaire ses fantaisies. Sa famille avait perdu l’espérance et ne cherchait plus à le gouverner.

Le mariage déclaré, la sœur et le beau-frère, qui avaient compté sur l’héritage pour leurs enfants, furent très-mortifiés et dirent entre eux beaucoup de mal de Césarine. Elle s’en aperçut et les rassura en faisant stipuler au contrat de mariage qu’elle n’acceptait du marquis que son nom. Elle ne voulait être usufruitière que de son hôtel dans le cas où il lui plairait de l’occuper après sa mort. Dès lors la famille appartint corps et âme à mademoiselle Dietrich. Le monde se remplit en un instant du bruit de son mérite et de sa gloire.

La veille de la signature de ce contrat, c’était en juin 1863, il y eut un autre contrat secret entre Césarine