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— À présent que notre malade est presque sauvé, dit-elle en s’adressant à Paul sans autre préambule que celui de s’asseoir après avoir pressé la main de Marguerite, il m’est permis de songer à moi-même et de venir trouver mon ennemi personnel pour avoir raison de sa haine ou pour en savoir au moins la raison. Cet ennemi, c’est vous, monsieur Gilbert, et votre hostilité ne m’est pas nouvelle ; mais elle a pris dans ces derniers temps des proportions effrayantes, et si vous vous rappelez les termes d’une lettre écrite à votre tante la veille du duel, vous devez comprendre que je ne les accepte pas sans discussion.

— Si vous me permettez de placer un mot, répondit Paul avec une douceur ironique, vous m’accorderez aussi que je ne veuille pas réveiller devant ma compagne des souvenirs qui lui sont pénibles et des faits dont elle ne doit compte qu’à moi. Vous trouverez bon qu’elle aille bercer son enfant, et que je supporte seul le poids de votre courroux.

C’était tout ce que désirait Césarine, et Marguerite ne se méfiait pas ; au contraire, elle souhaitait que la belle Dietrich, comme elle l’appelait, dissipât les préventions de Paul, afin de pouvoir l’aimer et la voir sans désobéissance.

— Puisque vous rendez notre explication plus facile, dit Césarine dès qu’elle fut seule avec Paul, elle sera plus nette et plus courte. Je sais quelle inconcevable folie s’est emparée de l’esprit de ma chère Pauline, et il est probable qu’elle vous l’a inoculée.