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malveillantes à l’égard de M. Gilbert. J’avais contre lui de fortes préventions et une sorte de haine personnelle. La démarche qu’il a faite en venant me demander raison et la manière dont il l’a faite m’ont prouvé qu’il était homme de cœur, homme d’honneur et même homme de bonne compagnie, car jamais on n’a repoussé une injure avec plus de fermeté et de modération. Aucune parole blessante n’a été échangée entre nous dans cette entrevue. J’ai senti qu’il ne méritait pas mon aversion et que j’avais tous les torts. Je ne sais pas si j’ai affaire à un homme qui sache tenir autre chose qu’une plume, mais j’ai le pressentiment qu’il aura la chance pour lui. Je serais donc un lâche si je reculais d’une semelle. Vous réglerez tout sans discussion, et, si le sort m’est sérieusement contraire, vous ferez mes excuses à M. Paul Gilbert. Vous lui direz qu’après avoir essuyé son feu, je ne l’aurais pas visé, ayant, pour respecter sa vie, des raisons particulières qu’il comprendra fort bien. Vous lui direz ces choses en mon nom, si je suis mort ou hors d’état de parler ; vous les lui direz en présence de ses témoins et de toutes les personnes amies qui se trouveraient autour de moi à mon heure dernière.

Espérons, ajouta M. de Valbonne, que cette heure n’est pas venue, et que Jacques de Rivonnière vivra ; mais j’ai cru devoir remplir ses intentions pour lui rendre la tranquillité, et je crois voir qu’il approuve l’exactitude des termes dont je me suis servi.

Tous les regards se tournèrent vers le marquis,