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parti content de son succès ; mais le médecin ne répondait pas que le blessé vécût vingt-quatre heures. M. de Valbonne vint nous chercher un instant après.

— On doit consentir, nous dit-il, à ce qu’il vous voie toutes deux. Il s’agite parce que je n’obéis pas aux ordres qu’il m’avait donnés avant le duel. Il a toute sa tête, son médecin a compris qu’il ne fallait pas contrarier la volonté d’un homme qui, dans un instant peut-être, n’aura plus de volonté.

Nous suivîmes le vicomte dans la chambre du marquis. À travers la pâleur de la mort, il sourit faiblement à Césarine, et son regard éteint exprima la reconnaissance. Paul, qui était assis au chevet du moribond, s’en éloigna sans paraître voir Césarine.

Je compris que m’occuper de mon neveu en cet instant, c’eût été le féliciter d’avoir échappé au sort cruel que subissait son adversaire. Césarine s’approcha du lit et baisa le front glacé de son malheureux vassal. Le médecin, voyant qu’il s’agissait de choses intimes, passa dans une autre pièce, et M. de Valbonne fit entrer dans celle où nous étions l’autre témoin du marquis et les deux témoins de Paul, qu’il avait priés de rester. Alors, nous invitant à nous rapprocher du lit du blessé, M. de Valbonne nous parla ainsi à voix basse, mais distincte :

— Avant de me mettre, avec M. Campbel, en présence des témoins de M. Gilbert, Jacques de Rivonnière m’avait dit :

« Je ne veux pas d’arrangement, car je ne puis assurer que je n’aie pas eu d’intentions hostiles et