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te crie que tu as provoqué le désastre. Tu savais la vérité, avoue-le ; tu as voulu en tirer parti pour rompre le lien entre Paul et Marguerite.

— Pour empêcher ton neveu de l’épouser, oui, j’en conviens, pour le préserver d’une folie, pour te la faire juger inadmissible ; mais qui pouvait prévoir les conséquences de la rencontre d’hier ? N’étais-je pas d’avis de la cacher à M. Gilbert ? N’ai-je pas donné toutes les raisons qui nous commandaient le silence ? Pouvais-je admettre que le marquis ferait de si déplorables maladresses ?

— Ainsi tu as prémédité la rencontre, tu l’avoues ?

— Je ne savais vraiment rien, je me doutais seulement. Le marquis s’était confessé à moi, il y a longtemps, d’une mauvaise action. Le nom de Marguerite lui était échappé et n’était pas sorti de ma mémoire. J’ai voulu tenter l’aventure ;… mais lis donc la lettre qu’on vient de te donner ; tu sauras ce qu’il faut penser de ce désastre.

Je lus la lettre de Paul et la lui laissai lire, espérant que la dureté avec laquelle il s’exprimait sur son compte la refroidirait définitivement. Il n’en fut rien. Elle parut ne pas prendre garde à ce qui la concernait, et loua avec chaleur la forme, les idées et les sentiments de cette lettre.

— C’est un homme, celui-là, disait-elle à chaque phrase en essuyant ses yeux humides, c’est vraiment un grand cœur, un héros doublé d’un saint !

L’arrivée de Dubois mit fin à cet enthousiasme. Le blessé avait supporté l’opération. Nélaton était