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— Je ne vous demande qu’une heure pour avertir mes témoins.

— Faites, monsieur.

Le marquis sonna, demanda ses chevaux, acheva sa toilette, et revint dire à Paul qu’il le priait de fumer ses cigares avec ses amis en l’attendant. Il y avait tant de courtoisie et de dignité dans ses manières qu’aussitôt son départ le jeune Latour essaya de parler en sa faveur. Il trouvait très-justes le ressentiment et la démarche de Paul ; mais il pensait que les choses eussent pu se passer autrement. Si Paul eût engagé le marquis à expliquer le passage de sa lettre, peut-être celui-ci se fût-il défendu d’avoir eu une intention blessante contre lui. L’autre ami, plus réfléchi et plus sévère, jugea que la tentative de générosité envers Marguerite et l’appel à ses sentiments maternels étaient tout aussi blessants pour Paul que l’allusion maladroite et peut-être irréfléchie sur laquelle il motivait sa provocation.

— J’ai saisi cette allusion, répondit Paul, pour abréger et pour fixer les conditions du duel d’une manière précise. Je crois avoir fait comprendre à M. de Rivonnière que son action m’offensait autant que ses paroles.

Le jeune Latour se rendit, mais avec l’espérance que les témoins du marquis l’aideraient à provoquer un arrangement.

Ceux-ci ne se firent pas attendre. Il est à croire que le marquis les avait prévenus la veille qu’il comptait sur une affaire d’honneur au premier jour. L’heure