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que je possède. Laisse-le à sa mère sans permettre qu’elle s’éloigne de toi de manière à échapper à ta surveillance. Elle est bonne et dévouée, mais elle est faible. Quand il sera en âge de raison, mets-le au collège. Je n’ai pas dissipé le mince héritage de mon père. Je sais qu’il ne suffira pas ; mais toi, ma providence, tu feras pour lui ce que tu as fait pour moi. Tu vois, j’ai bien fait de refuser le superflu que tu voulais me procurer ; il sera le nécessaire pour mon enfant. — J’espérais faire une petite fortune avant cette époque et te rendre, au lieu de te prendre encore ; mais la vie a ses accidents qu’il faut toujours être prêt à recevoir. Je n’ai du reste aucun mauvais pressentiment, la vie est pour moi un devoir bien plutôt qu’un plaisir. Je vais avec confiance où je dois aller. Tu ne recevras cette lettre qu’en cas de malheur, sinon je te la remettrai moi-même pour te montrer qu’à l’heure du danger ma plus chère pensée a été pour toi. »

Il écrivit à Marguerite une lettre encore plus touchante pour lui pardonner sa faiblesse et la remercier du bonheur intime qu’elle lui avait donné.

« Un jour d’entraînement, lui disait-il, ne doit pas me faire oublier tant de jours de courage et de dévouement que tu as mis dans notre vie commune. Parle de moi à mon Pierre, conserve-toi pour lui. Ne t’accuse pas de ma mort, tu n’avais pas prévu les conséquences de ta faiblesse ; c’est pour les détourner que je vais me battre, c’est pour préserver à jamais mon fils et toi de l’outrage de certains bienfaits. Le