Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/194

Cette page n’a pas encore été corrigée

censée lui acheter, et dont elle pouvait prendre possession sur-le-champ.

Quand Marguerite vit ce papier devant elle, elle l’épela avec attention pour s’assurer de la validité de l’acte et de la forme respectueuse et délicate dans laquelle il était conçu. À mesure que la Féron lui en lisait toutes les expressions, elle suivait du doigt et de l’œil, le cœur palpitant et la sueur au front.

— Allons, lui dit sa compagne, signe vite et tout sera dit. Voici deux copies semblables, gardes-en une ; Je reporte moi-même l’autre au marquis. Je serai rentrée avant Paul ; j’ai deux heures devant moi. Il ne se doutera de rien, pourvu que tu n’en parles ni à sa tante, ni à mademoiselle Dietrich, ni à personne au monde. J’ai dit au marquis que tu n’accepterais qu’à la condition d’un secret absolu.

Marguerite tremblait de tous ses membres.

— Mon Dieu ! disait-elle, je ne sais pas pourquoi je me figure signer ma honte. Je donne ma démission de femme honnête.

— Tu auras beau faire, ma pauvre Marguerite, reprit la Féron, tu ne seras jamais regardée comme une femme honnête puisqu’on ne t’épouse pas, et pourtant Paul t’aime beaucoup, j’en suis sûre ; mais sa tante ne consentira jamais à votre mariage. Dans le monde de ces gens-là, on ne pardonne pas au malheur. D’ailleurs cette signature ne t’engage à rien. Tu n’es pas forcée d’aller demeurer en Normandie et de dire à Paul que tu y es propriétaire. J’irai toucher tes revenus sans qu’il le sache. En une petite journée, le chemin de fer vous