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céder, et il n’avait pas, comme elle, la délicatesse féminine dans le choix des moyens. Il lui passa donc par la tête, à la suite de l’explication que je viens de rapporter, d’éveiller la jalousie de Paul et de l’amener sur le terrain du duel en dépit des prévisions de Césarine. Il avait donné sa parole, il ne pouvait plus la tenir, et il s’en croyait dispensé parce que Césarine manquait à la sienne en lui cachant le nom de son rival au mépris de la confiance absolue qu’elle lui avait promise. C’est du moins ce qu’il m’expliqua par la suite après avoir agi comme je vais le dire.

Il nous quitta aussitôt après le déjeuner pour écrire à Marguerite la lettre suivante, qu’il lui fit tenir par Dubois :

« Si j’ai fait semblant ce matin de ne pas vous reconnaître, c’est pour ne pas vous compromettre ; mais les personnes chez qui nous nous sommes rencontrés étaient au courant de tout, et j’ai appris d’elles que vous n’aviez pas l’espérance d’épouser votre nouveau protecteur. La faute en est à moi, et votre malheur est mon ouvrage. Je veux réparer autant que possible le mal que je vous ai fait. J’ai compris et admiré votre fierté à mon égard ; mais à présent vous êtes mère, vous n’avez pas le droit de refuser le sort que je vous offre. Acceptez une jolie maison de campagne et une petite propriété qui vous mettront pour toujours à l’abri du besoin. Vous ne me reverrez jamais, et vous garderez vos relations avec le père de votre enfant tant qu’elles vous seront douces. Le jour où elles deviendraient pénibles,