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» — Non, m’a-t-elle dit, ne revenez pas vous-même, car je vois bien que vous êtes une grande dame, et peut-être que vous seriez fâchée d’être si bonne pour moi quand vous saurez que je ne suis pas ce que vous croyez. »

Et, là-dessus, des encouragements de ma part, une ou deux paroles aimables qui ont amené un déluge de pleurs et d’aveux. Je sais donc tout, l’aventure avec M. Jules l’étudiant, la noyade, le sauvetage opéré par ton neveu, l’asile donné par lui chez la Féron, et puis la naissance de l’enfant après des relations avouées assez crûment (elle me prenait pour une femme), enfin l’espérance qui lui était venue d’être épousée en se voyant mère, la résistance invincible de Paul appuyée par toi, les petits chagrins domestiques, ses colères à elle, sa patience à lui. Le tout a fini par un éloge enthousiaste et comique de Paul, de toi et d’elle-même, car elle est très-drôle, cette villageoise. C’est un mélange d’orgueil insensé et d’humilité puérile. Elle se vante de l’emporter sur tout le monde par l’amour et le dévouement dont elle est capable… Elle se résume en disant :

— C’est moi la coupable (la fautive) ; mais j’ai quelque chose pour moi, c’est que j’aime comme les autres n’aiment pas. Paul verra bien ! qu’il essaye d’en aimer une autre ! »

C’est après m’avoir ainsi ouvert son cœur qu’elle a commencé à se demander qui je pouvais bien être.

« — Ne vous en inquiétez pas, lui ai-je répondu. Mon nom ne vous apprendrait rien. Je m’intéresse à