Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/146

Cette page n’a pas encore été corrigée

rue d’Assas. Je me confirmais dans la certitude que cette association ne les rendait heureux ni l’un ni l’autre, et que l’enfant seul remplissait d’amour et de joie le cœur de Paul. Marguerite était à coup sûr une honnête créature, malgré la faute commise dans son adolescence ; mais cette faute n’en était pas moins un obstacle au mariage qu’elle désirait, et que, pas plus que moi, Paul ne pouvait admettre. Un jour, ils se querellèrent devant moi en me prenant pour juge.

— Si je n’avais pas eu un enfant, disait Marguerite, je n’aurais jamais songé au mariage, car je sais bien que je ne le mérite pas ; mais depuis que j’ai mon Pierre, je me tourmente de l’avenir et je me dis qu’il méprisera donc sa mère plus tard, quand il comprendra qu’elle n’a pas été jugée digne d’être épousée ? Ça me fait tant de mal de songer à ça, qu’il y a des moments où je me retiens d’aimer ce pauvre petit, afin d’avoir le droit de mourir de chagrin. Ah ! je ne l’avais pas comprise, cette faute qui me paraît si lourde à présent ! Je trouvais ma mère cruelle de me la reprocher, je trouvais Paul bon et juste en ne me la reprochant pas ; mais voilà que je suis mère et que je me déteste. Je sais bien que Paul n’abandonnera jamais son fils, il n’y a pas de danger, il est trop honnête homme et il l’aime trop ! mais moi, moi, qu’est-ce que je deviendrai, si mon fils se tourne contre moi ?

— Il te chérira et te respectera toujours, répondit Paul. Cela, je t’en réponds, à moins que, par tes