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tristement. Je racontai toute la vérité à M. Dietrich. Il n’approuva pas le mensonge que j’avais fait à Césarine, et parut étonné de me voir, pour la première fois sans doute de ma vie, disait-il, employer un moyen en dehors de la vérité. Je lui racontai alors les menaces de M. de Rivonnière et lui avouai que j’en étais effrayée au point de tout imaginer pour préserver mon neveu. M. Dietrich n’attacha pas grande importance à la colère du marquis ; il m’objecta que M. de Rivonnière était un homme d’honneur et un homme sensé, que dans la colère il pouvait déraisonner un moment, mais qu’il était impossible qu’il ne fût pas rentré en lui-même dès le lendemain de son emportement.

— Et alors, lui dis-je, vous allez dissuader Césarine, lui faire savoir que mon neveu est encore libre ? Vous la tromperiez plus que je ne l’ai trompée : il n’est plus libre.

Il me promit de ne rien dire.

— Je n’ai pas fait le mensonge, dit-il, je feindrai d’être votre dupe, d’autant plus que je n’admettrais pas qu’un jeune homme, lié comme il l’est maintenant, put songer au mariage.

Césarine fut comme brisée durant quelques jours, puis elle reprit sa vie active et dissipée, et parut même encourager à sa manière quelques prétentions de mariage autour d’elle. Tous les matins il y avait assaut de bouquets à la porte de l’hôtel, tous les jours, assaut de visites dès que la porte était ouverte.

Je voyais de temps en temps Paul et Marguerite