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— Vous voulez me ménager, mademoiselle de Nermont, ou vous ne savez pas la vérité. Mademoiselle Dietrich aime quelqu’un.

— Qui donc soupçonnez-vous ?

— Je ne sais pas qui, mais je le saurai. Elle a disparu du bal un quart d’heure après avoir remis un billet à Bertrand, son homme de confiance. Je l’ai suivie, cherchée, perdue. Je l’ai retrouvée sortant d’un passage mystérieux. Elle m’a pris vivement le bras en m’ordonnant de la mener danser. Je n’ai pu voir la personne qu’elle laissait derrière elle, ou qu’elle venait de reconduire ; mais elle avait beau rire et railler mon inquiétude, elle était inquiète elle-même.

— Avez-vous quelqu’un en vue dans vos suppositions ?

— J’ai tout le monde. Il n’est pas un homme parmi tous ceux qu’on reçoit ici qui ne soit épris d’elle.

— Vous me paraissez résigné à n’être point jaloux de celui qui vous serait préféré ?

— Jaloux, moi ? je ne le serai pas longtemps, car celui qu’elle voudra épouser…

— Eh bien ! quoi ?

— Eh bien ! quoi ! Je le tuerai, parbleu !

— Que dites-vous là ?

— Je dis ce que je pense et ce que je ferai.

— Vous parlez sérieusement ?

— Vous le voyez bien, dit-il en passant son mouchoir avec un mouvement brusque sur son front baigné de sueur.

Sa belle figure douce n’avait pas un pli malséant,