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avec un respect dont la tranquille abnégation me frappa. Je ne le croyais pas si soumis, et, tout en ayant la figure penchée sur ma broderie, je le regardais de côté avec attention.

— Donc, reprit-il après un moment de silence, vous allez faire un choix ?

— Vous ai-je dit cela ?

— Il me semble. Pourquoi ne le diriez-vous pas, puisque je suis et reste votre ami ?

— Au fait,… si cela était, pourquoi ne vous le dirais-je pas ?

— Dites-le et ne craignez rien. Ai-je l’air d’un homme qui va se brûler la cervelle ?

— Non, certes, vous montrez bien qu’il n’y a pas de quoi.

— Si fait, il y aurait de quoi ; mais on est philosophe ou on ne l’est pas. Voyons, dites-moi qui vous avez choisi.

Je crus devoir empêcher Césarine de commettre une imprudence, et m’adressant au marquis :

— Elle ne pourrait pas vous le dire, elle n’en sait rien.

— C’est vrai, reprit Césarine, que ma figure inquiète avertit du danger, je ne le sais pas encore.

M. de Rivonnière me parut fort soulagé. Il connaissait les fantaisies de Césarine et ne les prenait plus au sérieux. Il consentit à rire de son irrésolution et à n’y rien voir de cruel pour lui, car, de tous ceux qui gâtaient cette enfant si gâtée, il était le plus indulgent et le plus heureux de lui épargner tout déplaisir.