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— Il est tout cela.

— Jeune ?

— Vingt-trois ou vingt-quatre ans.

— C’est trop jeune, c’est un enfant !

J’empêchai Césarine de répliquer.

— C’est un enfant, répondis-je, et par conséquent ce ne peut être qu’un brave garçon dont le mérite n’a pas porté ses fruits. N’écoutez pas Césarine, elle est folle ce matin. Elle vient d’improviser le plus insensé, le plus invraisemblable et le plus impossible des caprices. Elle met le comble à sa folie en vous le disant devant moi. C’est un manque d’égards, un manque de respect envers moi, et vous m’en voyez beaucoup plus offensée que vous ne pourriez l’être.

M. Dietrich, stupéfait de la dureté de mon langage, me regardait avec ses beaux yeux pénétrants. Il vint à moi, et, me baisant la main :

— Je devine de qui il s’agit, me dit-il ; Césarine le connaît donc ?

— Elle lui a parlé hier pour la première fois.

— Alors elle ne peut pas l’aimer ! et lui ?…

— Il me déteste, répondit Césarine.

— Ah ! très-bien, dit M. Dietrich en souriant ; c’est pour cela ! Eh bien ! ma pauvre enfant, tâche de te faire aimer ; mais je t’avertis d’une chose, c’est qu’il faudra l’épouser, car je ne te laisserai pas imposer à un autre le postulat illusoire de M. de Rivonnière. Je me suis aperçu hier au bal du ridicule de sa situation. Tout le monde se le montrait en souriant ; il passait pour un niais ; tu passes certainement pour une