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d’oublier cette absurde soirée comme si tu l’avais rêvée. Est-ce que cela te semble difficile ?

— Nullement, ma tante, il me semble que c’est déjà fait.

— Je n’ai pas besoin de te dire que tu dois aussi à mon affection pour Césarine de ne jamais raconter à personne l’aventure ridicule de ce soir.

— Je le sais, ma tante, je ne suis ni fat, ni bavard, et je sais fort bien que le ridicule serait pour moi. Je m’en vais et ne vous reverrai pas de quelques jours, de quelques semaines peut-être : mon patron m’envoie en Allemagne pour ses affaires, et ceci arrive fort à propos.

— Pour Césarine peut-être, elle aura le temps de se pardonner à elle-même et d’oublier sa faute. Quant à toi, je présume que tu n’as pas besoin de temps pour te remettra d’une si puérile émotion ?

— Marraine, je vous entends, je vous devine ; vous m’avez trouvé trop ému, et au fond cela vous inquiète… Je ne veux pas vous quitter sans vous rassurer, bien que l’explication soit délicate. Ni mon esprit, ni mon cœur n’ont été troublés par le langage de mademoiselle Dietrich. Au contraire mon cœur et mon esprit repoussent ce caractère de femme. Il y a plus, mes yeux ne sont pas épris du type de beauté qui est l’expression d’un pareil caractère. En un mot, mademoiselle Dietrich ne me plaît même pas ; mais, belle ou non, une femme qui s’offre, même quand c’est pour tromper et railler, jette le trouble dans les sens d’un homme de mon âge. On peut