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à Cadio. Si on te pardonnait, parlerais-tu par reconnaissance ?

CADIO. Non, je ne pourrais pas ; j’aime mieux mourir !

LE CAPITAINE, bas, à Henri. C’est un croyant, c’est un homme sous les dehors d’un enfant poltron. Je suis fâché de l’avoir vu ; mais le cas est grave, et la règle est impitoyable. Faire grâce à un espion, c’est trahir son devoir.

HENRI. Certes ! mais si ce n’était pas un espion ? Il refuse de parler, il n’essaye pas de mentir. S’il avait été chargé par mon oncle de quelque commission étrangère à la politique ?… Il a un air de sincérité qui m’épouvante !

LE CAPITAINE. Sachez la vérité, si cela est possible, et que votre conscience prononce. Dites-lui bien qui vous êtes, donnez-lui confiance, et, s’il vous en inspire, faites-le évader. Le pouvez-vous ?

HENRI, montrant la cachette. Oui, je connais les êtres.

LE CAPITAINE. Hâtez-vous, l’heure approche…

HENRI. J’entends, capitaine.

LE CAPITAINE sort et revient sur ses pas en tenant le biniou de Cadio, qu’il pose sur un meuble. Une idée ! pour ravoir cela, il parlera peut-être. (Il sort.)


SCÈNE VI. — HENRI, CADIO, LOUISE, qui sort de la cachette pendant qu’Henri reconduit le capitaine ; elle est déguisée en paysanne.

HENRI, se retournant. Une femme ? qui êtes-vous ? d’où sortez-vous ?

LOUISE. Vous ne me reconnaissez pas ?