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REBEC. Il y a trois mois qu’on aurait dû le faire ! On vit ici dans les transes, et, si les brigands avaient voulu… Ah ! la République est bien négligente !

HENRI. Oui ! elle te loge dans un château fortifié, elle t’y donne les clefs d’une cave exquise, un lit de dentelle et de duvet, et elle oublie de t’attribuer une garde d’honneur pour que tu puisses y dormir tranquille ; c’est impardonnable !

REBEC. Vous vous moquez de moi ?

HENRI. Ça se pourrait bien. Allons, va préparer cette chambre parfumée pour mon capitaine. Il n’a pas volé un bon gîte et une bonne nuit, celui-là !

REBEC. Eh bien, et vous ?

HENRI. Je dormirai sur une chaise. Je suis ici en pays conquis ; mais je respecte le passé, moi, et je ne l’oublierai pas en me gobergeant dans le lit de mon oncle…

REBEC. Mais votre ancienne chambre !

HENRI. Assez de politesses, tu m’ennuies. Va enlever tes draps et tes nippes. Dépêchons-nous !

REBEC. On y va, on y va, lieutenant ; ne vous impatientez pas.

HENRI, à un cavalier qui entre avec la valise du capitaine. Va faire le lit, camarade. Par ici. Tu sortiras de l’autre côté. (Rebec sort, suivi du soldat.)



SCÈNE IV. — HENRI, le capitaine RAVAUD.


LE CAPITAINE, (homme distingué, à la figure douce.) Eh bien, mon jeune lieutenant, comment va ce pauvre cœur ému ?

HENRI. Bien, mon capitaine. Je n’ai reçu ici aucune