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entendues, je les repousse. La guerre que vous faites est un prétexte au pillage et aux vengeances personnelles. (Murmures des insurgés. Le comte élève la voix.) Elle me répugne, et je la condamne. Passez votre chemin. Quand un chef royaliste digne de ce nom paraîtra devant moi, je verrai à m’entendre avec lui, si je le puis sans trahir le mandat qui m’est confié. (Murmures des insurgés.)

MACHEBALLE, irrité. Par le saint ciboire ! je ne sais pas comment je vous laisse dire tant de sacriléges ! (Il met la main sur ses pistolets. Un de ses hommes passe devant lui, et le repousse en arrière en lui disant tout bas : « Assez ! tais-toi. Laisse-moi faire ! » Cet homme ôte son chapeau. La Korigane s’écrie : « Saint-Gueltas ! » Louise, qui s’est élancée vers son père menacé, recule avec effroi. Roxane laisse aussi échapper une exclamation.)

SAINT-GUELTAS. Saint-Gueltas, marquis de la Roche-Brûlée. Il paraît que mon nom effraye les dames ; mais vous, monsieur le comte, peut-être me ferez-vous l’honneur de m’agréer comme le chef sérieux d’une force considérable,… à moins que vous ne me jugiez indigne aussi de servir le roi ? C’est possible, si vous proscrivez la peine de mort ! Moi, j’avoue que je n’ai pas encore découvert le moyen de faire la guerre sans exposer sa vie et sans compromettre celle des autres.

MACHEBALLE. Bien parlé ! (Il explique tout bas les paroles de Saint-Gueltas à quelques paysans bretons qui approchent.)

LE COMTE. Je sais, monsieur le marquis, le respect qui est dû à votre bravoure, à votre dévouement et à votre habileté ; mais vos sarcasmes ne m’empêcheront pas de réprouver les atrocités de vos triomphes. Vous avez pu être débordé…

SAINT-GUELTAS, baissant la voix et s’approchant de lui et des