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LOUISE. Puisque je vous le demande…

CADIO. Ah ! vous n’accepteriez pas celui de l’amour… :

MARIE. Aujourd’hui, non ! Son âme est brisée ; mais le temps efface les plus cruels souvenirs. (Bas.) Reviens dans un an, Cadio, et je te réponds d’elle.

CADIO, avec douleur. Elle pleure !… elle pleure amèrement !… Louise, est-ce lui que vous pleurez ?

LOUISE. Non, Cadio, c’est le mal que je t’ai fait.

HENRI. Vous pouvez le réparer, Louise. Vous voyez bien qu’il vous aime plus que jamais !

LOUISE. Eh bien, qu’il revienne dans un an. Jusque-là, je vivrai de sa pensée ; elle aura purifié mon âme et retrempé ma vie ! (Elle s’éloigne.)

CADIO. Un an ! Elle veut porter le deuil de Saint-Gueltas…

MARIE. Non ! Elle t’aime depuis la terrible journée de Carnac. Je le sais, moi ; mais elle craint l’amertume de tes ressentiments, et des reproches qu’elle ne mérite plus de toi, puisqu’elle se les fait à elle-même.

CADIO. Elle m’aime et elle me craint !… Ah ! je serais un lâche si j’achevais de briser ce pauvre cœur de femme ! Non, non, Marie, dites-lui que je n’ai pas travaillé en vain à me rendre fort. Je saurai étouffer en moi les tortures de la jalousie. C’est à cela maintenant que j’appliquerai ma volonté, je me suis soutenu par la haine ; je saurai m’élever par l’amour.

HENRI. Bien, Cadio ! Te voilà dans le vrai ; tu entres dans le grand courant qui entraîne la patrie, lasse de violence, vers la réconciliation. Le besoin d’aimer est l’impérieux résultat de nos déchirements. Tu vas quitter cette sanglante arène pour quelques semaines, j’apporte ici ton congé ; tu le trouveras à Auray. Viens