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LOUISE. Non certes ! j’ai cessé de l’aimer le jour où l’espoir d’avoir un fils l’a trouvé insensible et hautain ; mais le souvenir de l’enfant est sacré, et, quelque haïssable que fût le père, je lui devais ce que j’ai tenté pour lui. Ah ! je hais tous mes souvenirs, sauf celui du pauvre enfant et celui de la générosité de Cadio !

MARIE, l’embrassant. Et celui de mon amitié, ingrate ?

LOUISE, se jetant dans son sein. Oh ! toi !… Mais tu ne me blâmes pas, toi, j’en suis sûre !

MARIE. Non. J’admire ta grandeur d’âme au contraire, car ce n’est pas une dernière faiblesse de l’amour, je le sais. (À Roxane.) Ne la grondez pas : ce serait à nous, républicains, de la trouver coupable pour avoir voulu sauver un de nos pires ennemis ; mais, moi, devant les châtimens et les supplices, je suis faible aussi, et j’aurais fait comme Cadio : je n’aurais pas tiré sur Saint-Gueltas.

ROXANE. Cadio ! allons, il n’y a pas à dire, c’est un grand cœur, de nous avoir rendu ces actes ! je serais capable de l’embrasser, s’il était là.

HENRI, approchant. Il y est, je viens de l’apercevoir là-bas. Entrez dans cette chapelle ruinée, si vous ne voulez pas le voir.

ROXANE. Mais, moi, je veux bien le voir, le remercier…

HENRI. Pas encore, il paraît fort troublé. Laissez-moi connaître l’état de son âme. Marie peut rester, elle le calmera encore mieux que moi. (Louise et Roxane s’éloignent.)