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CADIO. Tu as reçu des offres ?

REBEC. Je m’en suis laissé faire pour pénétrer cette infernale machination. (Baissant la voix et observant Cadio.) Elle offrirait deux cent mille francs…

CADIO. Voilà qui est bon à savoir.

REBEC. Il est bien entendu que tu n’es pas plus tenté que moi…

CADIO. Je ne le suis pas, mais tu l’es. Tu vas tout avouer, ou je t’arrête.

REBEC. M’arrêter ? Comme tu y vas !… Je révélerai tout ce que je sais. Si Saint-Gueltas et Raboisson, qui sont ou seront avertis, peuvent, au moment de l’exécution, se jeter dans la palude qui borde la prairie et franchir le Loch à la nage, ils trouveront sur l’autre rive les moyens de fuir.

CADIO. Tu ne sais rien de plus ?

REBEC. Rien, je le jure !

CADIO, à deux soldats qui passent pour relever la garde. Mettez ce citoyen aux arrêts.

REBEC. Tu m’empoignes quand même ? Sacristi ! c’est mal, cela, c’est injuste !

CADIO. Si tu as dit la vérité, tu n’as rien à craindre, tu seras libre dans deux heures.



Scène IV. — CADIO, MOTUS, quelques Soldats.

(Six heures du matin, même jour. — Un bois qui descend en pente au bord de la rivière du Loch, à une faible distance d’Auray. — En face est la prairie appelée aujourd’hui le Champ des Martyrs[1]. C’est le lieu de l’exécution, encore désert.)


CADIO, postant ses hommes de distance en distance dans le taillis qui borde le rivage. Tenez-vous cachés et faites feu sur

  1. On a enclos cette prairie, et on y a élevé une chapelle expiatoire sous la Restauration. On y va en pèlerinage, et il s’y fait des miracles.