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Scène III. — CADIO, REBEC.


CADIO. Pourquoi es-tu ici ? Tu m’avais promis de ne pas quitter Carnac tant qu’il y aurait des malades et des blessés dans ton auberge ?

REBEC. Un mot en secret, capitaine !

CADIO. Je t’écoute.

REBEC. Nos braves blessés vont bien, on les soigne au mieux, et bientôt ils pourront rejoindre. Il s’agit d’une affaire… assez importante ;… mais je voudrais connaître ta façon de penser.

CADIO. Pas de préambule, je n’ai pas le temps de faire la conversation ; dis tout de suite.

REBEC. Permets, permets ! Tu es toujours chargé, pour ta part, de la garde des prisonniers et de la noble fonction de faire expédier ces infâmes ?

CADIO. Tu le sais fort bien, mais abstiens-toi des qualifications ; nul n’a le droit d’insulter les condamnés.

REBEC. Bien, capitaine, bien ! vous parlez noblement… Cependant… tu tiens à ce que tous y passent ?

CADIO. Je tiens à faire mon devoir.

REBEC. Il est rude, conviens-en.

CADIO. Cela ne te regarde pas.

REBEC. Si fait. Tout citoyen éprouvé comme je le suis a le droit de penser.

CADIO. Ne fais pas sonner si haut ta fidélité, toi qui avais des armes et des munitions anglaises cachées dans ta maison !

REBEC. J’avais prévu qu’elles vous serviraient, et tu serais ingrat de m’en faire un crime.

CADIO, souriant un peu. Le fait est qu’elles nous ont bien servi !