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elles ne savent rien, sinon que je voulais les voir.

CADIO. C’est donc votre mari qui a soustrait… ?

LA MÈRE CORNY. Non ! il n’eût point osé ! après sa mort, on a nommé un ancien royaliste à sa place ; j’ai dit au nouveau maire en causant : « Faudrait enlever ça, c’était promis ! » Il n’a pas eu peur, lui ! Il croyait que la République allait nommer un roi. On le croyait tous, bonnes gens, après la paix de Nantes ! Mais v’là que ça ne va plus si bien, puisque vous fusillez tous les royalistes ! Tant qu’à ces feuilles, je te les donne. Tu les remettras fidèlement, pas vrai ?

CADIO. Je m’y engage, vous pouvez retournez chez vous. Pour mon compte, je vous remercie. En quoi puis-je vous obliger ?

LA MÈRE CORNY. Tu peux m’obliger grandement. J’ai un de mes gars, le plus jeune, qui est soldat dans ton régiment, et qui est enragé, voyez un peu ! de se battre avec vous autres. Prends-le auprès de toi quand on ira au feu, empêche-le d’y aller !

CADIO. Voilà ce que je ne peux pas vous promettre ; mais je peux lui faire avoir de l’avancement, s’il le mérite, et, en tout cas, lui témoigner de l’intérêt. Dites-moi le nom de son bataillon.

LA MÈRE CORNY, lui donnant un autre papier. Tiens, c’est là, en écrit. En te remerciant, Cadio ; mais je vois venir Rebec. Je n’ai pas de fiance en lui, et je me sauve : ne lui dis pas…

CADIO. Soyez tranquille, je le connais !