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retourne ? Me v’là au bout de mes jambes et de mon argent !

CADIO. Est-ce que je peux vous épargner le voyage ? J’écrirais ce que vous voulez leur dire, et j’enverrais un exprès.

LA MÈRE CORNY. Dame ! ça n’est pas de refus… à moins que… C’est un gros secret, Cadio !

CADIO. Si c’est quelque chose contre la République, ne me le dites pas, je serais forcé…

LA MÈRE CORNY. Non, non ! ça n’est rien comme ça. Dis-moi, Cadio, je me fie à ta vérité, à toi. Tu as toujours été si honnête et si juste ! Réponds-moi en franchise : étais-tu content ou fâché d’avoir consenti une manière de mariage avec… ?

CADIO. Ce mariage-là, mère Corny, a fait le malheur de ma vie !

LA MÈRE CORNY. Bien, bien ! — Alors… voilà ce que c’est. Quand le citoyen Rebec a quitté notre paroisse par la peur qu’il a eue des menaces du délégué, encore que les bleus nous aient laissés tranquilles, mon pauvre homme a été nommé municipal, et bien étonné qu’il a été quand il a retrouvé au registre de l’état-civil les deux feuilles que Rebec avait promis de déchirer.

CADIO. Je sais par lui qu’elles y sont encore.

LA MÈRE CORNY. Et ça te contrarie ?

CADIO. Je voudrais qu’elles n’y eussent jamais été !

LA MÈRE CORNY. Elles n’y sont plus, les v’là.

CADIO, ému, regardant les papiers. Ah ! vraiment ? vous me les rendez ?

LA MÈRE CORNY. Pour que tu les rendes à mes pauvres brigandes, qui les brûleront d’accord avec toi.

CADIO. Elles sont averties ?

LA MÈRE CORNY. Nenni !