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CADIO. Je n’en sais rien. Es-tu sûr que Saint-Gueltas soit sur la première charrette ?

MOTUS. On me l’a dit, mon capitaine. Pas plus que toi je n’étais présent à l’emballage.

CADIO. Avançons ! Je n’ai pas envie que celui-là s’échappe.

MOTUS. Mon capitaine, permets une réflexion. Il a racheté sa lâcheté de Carnac. Il s’est battu comme un lion sur la presqu’île ; acculé à la mer, il pouvait se sauver en s’y jetant. Il n’a pas voulu. Moi, j’aurais souhaité être à portée de le sabrer ; mais, à présent qu’il est là sur la brouette, je ne lui en veux plus. Et toi, mon capitaine ? (Cadio, sans lui répondre, reprend le galop et gagna la tête du convoi.)



Scène II. — SAINT-GUELTAS, RABOISSON, puis CADIO.

(À deux lieues de là, dans un bois. — Les officiers commandent la halte. Les prisonniers descendent et se groupent au centre du détachement, qui a rompu les rangs.)


SAINT-GUELTAS, à Raboisson, bas. Notre convoi est de mille, et personne n’est blessé gravement. Nos gardiens ne sont pas plus de deux cents ici. Nous allons rester deux heures dans ce bois… et la nuit est sombre ! Est-ce qu’il ne te semble pas que c’est une invitation à fuir ?

RABOISSON. Pourquoi fuirions-nous ? Nous sommes prisonniers sur parole ; c’est la preuve de la capitulation.

SAINT-GUELTAS. L’absence de surveillance est la preuve du contraire. On sait que nous allons à la mort. M. Hoche, qui veut ménager tout le monde a dû