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les émigrés, et ils nous tiendront là jusqu’à tant qu’on soit nus comme la pierre et plats comme le varech.

L’AUTRE. Faut donc que nos pauvres enfants payent tout ça ?

UNE VIEILLE FILLE. C’est vos hommes qui devraient vous délivrer ; s’ils ne le font point, c’est des lâches !

L’AUTRE FEMME. Ah ! oui, nos hommes ! fallait qu’ils ne se sauvent point les premiers quand on est entré ici ; c’est eux qui nous ont donné la grand’peur… Mais les hommes ! c’est ce qu’il y a de plus capon !

UN HOMME. Vous dites des bêtises ! les femmes, c’est ce qu’il y a de plus pleurard et de plus décourageant ! Taisez-vous !

LES FEMMES. On se taira si on veut ! (Les hommes et les femmes se disputent. Les chouans se moquent d’eux. On recommence à se battre. Les habitants se renferment chez eux en maudissant les intrus.)



Scène II. — RABOISSON, SAINT-GUELTAS.

(Ils se promènent en causant, sur la laisse de mer, un peu plus loin.)



RABOISSON. Ainsi, tu es sûr qu’elle n’est point ici ?

SAINT-GUELTAS. J’ai parcouru tous ces hameaux, je ne l’ai pas trouvée. Il n’en faut plus douter, les républicains l’ont emmenée de Carnac, et me voilà séparé d’elle, bravé et raillé par M. Cadio, accusé de trahison par Sauvières, bloqué ici parmi des gens qui me sont hostiles, sous la protection des Anglais, que je ne crois pas sincères.

RABOISSON. Quant au dernier point, tu es injuste : ils font pour nous ce qu’ils peuvent ; mais nos divisions,