Page:Sand - Cadio.djvu/345

Cette page n’a pas encore été corrigée

minations. (Haut.) Marchons ; je serai un de tes témoins, et, pendant que monsieur ira chercher les siens, ces dames resteront en sûreté ici sous la garde de ton lieutenant. Viens, nous allons nous entendre sur le lieu et sur les armes. (Cadio et Saint-Gueltas sortent. — À Louise, qui, sans pouvoir parler, essaye de l’arrêter.) Soyez calme, Louise ! ayez la force d’âme que commande une pareille situation. Elle est inévitable ! (Il sort. — Louise, atterrée un instant, s’élance vers la porte, mais Henri l’a refermée en dehors.)




Scène XII. — LOUISE, ROXANE.



ROXANE. Alors, nous voilà prisonnières ?

LOUISE. Non, pas encore ! (Elle va vers la porte de l’escalier et entend Rebec, qui est sorti par là, tourner et retirer la clef ; elle revient et se laisse tomber sur une chaise.)

ROXANE. Où irais-tu, d’ailleurs ? Que ferais-tu pour empêcher ce duel ? Les hommes, en pareil cas, se soucient bien de nos frayeurs ! Et puis après ? Quand le marquis serait tué, ce n’est pas moi qui l’arroserais de mes larmes.

LOUISE. Ah ! ne parlez pas, ne dites rien !… Je deviens folle !

ROXANE. Tu es folle en effet, si tu l’aimes… Et je le vois bien, hélas ! tu l’aimes toujours !

LOUISE. Qu’est-ce que j’en sais ? Je n’en sais rien ! J’étais mortellement offensée, il me semblait que tout devait être rompu entre nous, et que son infidélité, son injustice, son ingratitude, avaient comblé la mesure. Il me semblait aussi qu’il souhaitait cette rupture, qu’il ne la repoussait, l’orgueilleux, que pour m’empêcher d’en avoir l’initiative ; mais vous