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reconnues pour ce qu’elles sont, elles ne seraient sauvées qu’au prix d’un mariage bien fait. Elles doivent s’en souvenir.

HENRI. Mais Cadio lui-même m’a juré qu’on avait lu de faux noms…

REBEC. Ces dames ont été désignées, devant des témoins bénévoles et peu attentifs, sous les noms d’emprunt qu’elles s’étaient attribués ; mais ces témoins sont morts, je m’en suis assuré. La famine et l’épidémie ont passé par là. Il ne reste qu’un acte authentique et régulier.

ROXANE. Que tu devais détruire, lâche intrigant !

REBEC. Que je n’ai pas détruit, madame, ne voulant pas vous faire porter le nom d’un homme condamné aux galères.

ROXANE. Ah ! tu crois que je le porterai, ton ignoble nom ?

REBEC. Dans la vie privée, peu m’importe ; mais, dans tout acte civil, vous serez, ne vous en déplaise, la femme Rebec ou l’acte sera nul.

SAINT-GUELTAS, qui a écouté avec calme et attention, bas à Louise, sèchement. Et vous, ma chère, vous serez tout aussi légalement et irrévocablement, la femme ou la veuve Cadio ! Vous voyez bien qu’il faut à tout prix rompre avec les institutions révolutionnaires et annuler la République, au lieu de se jeter dans ses bras !

LOUISE, bas. Emmenez-moi, monsieur, veuillez me soustraire à l’humiliante situation où je me trouve !

ROXANE, bas à Henri. Fais-nous partir, vite ! J’aime mieux le donjon du marquis que de pareilles discussions.

HENRI, haut. Ces étranges difficultés doivent être examinées plus tard, lorsque la loi pourra être invoquée