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SAINT-GUELTAS. Vous avez bien tort ! un de vos généraux, plus hardi ou plus ambitieux que les autres, nous la rendra, — à moins qu’il ne la garde pour lui-même, auquel cas vous n’aurez fait que changer de maître ! Adieu ! (Henri le reconduit. Quand il revient seul, Cadio est sorti de la chambre voisine et se jette dans ses bras.)




Scène VIII. — HENRI, CADIO, puis MOTUS, JAVOTTE, REBEC.


CADIO. J’entendais ta voix. Je croyais rêver.

HENRI. Tu ne m’attendais pas ? Tu n’avais pas reçu ma lettre d’Allemagne ?

CADIO. Non. Où m’aurait-elle rejoint ? Depuis trois mois, je n’ai fait que parcourir l’ouest et le nord de la Bretagne sans m’arrêter nulle part. À la tête d’une compagnie d’élite, j’étais chargé de débusquer les chouans de leurs repaires… Mais toi, comment donc es-tu ici ?

HENRI. Je suis en congé. Hoche m’a écrit de venir le rejoindre. Marie est à Vannes, où je l’ai vue un instant… Ah ! je suis heureux, mon ami ! Elle avait parlé de moi au général ; il s’intéresse à notre amour ; il m’a attaché pour le moment à sa personne en me permettant de faire avec lui cette campagne contre les Anglais. Il m’accorde sa confiance, et j’épouse Marie aussitôt que nous aurons repris Quiberon à ces messieurs ; c’est pour connaître l’état de leurs forces et l’usage qu’ils en comptent faire que je suis venu sur ces côtes en observateur, chargé de voir, de comprendre, de deviner au besoin, et de rendre compte, le tout vivement, comme tu penses ! Sais-tu quelque chose, toi qui étais hier à Plouharnel ?