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Vous déchirez le sein qui vous a portés, vous gaspillez le trésor d’une bravoure héroïque, vous appelez tous les maux sur la mère commune… Ses bras meurtris et sanglants se referment sur vous et vous étouffent !

SAINT-GUELTAS, ému, se raidissant. Nous jouons notre dernière partie, je le sais ; mais elle est belle, avouez-le !

HENRI. Elle est perdue, fussiez-vous vainqueurs à Quiberon ! nos légions sont impérissables ; c’est la tête de l’hydre que vous couperez en vain et qui repoussera avec une rapidité effrayante !

SAINT-GUELTAS. Quelles sont donc les offres que nous ferait le général Hoche ? Je sais que vous êtes dans son intimité maintenant ; vous devez connaître sa pensée ?

HENRI. La tolérance religieuse la plus absolue, le pardon et l’oubli des fautes passées.

SAINT-GUELTAS. Voilà tout ? C’est une seconde édition du traité de la Jaunaye ; nous l’avons déchiré. Dites à M. Hoche qu’il nous a trompés ! trompés en galant homme qu’il est, c’est-à-dire en se trompant tout le premier. Il s’est attribué une toute-puissance qu’il n’a pas, puisque la Convention fonctionne toujours et garde, derrière la parole sacrée du général, une porte ouverte à la trahison. Veut-il combattre ce pouvoir inique ? Qu’il le dise, et nous nous joignons à lui pour marcher sur Paris : qu’il abjure, lui aussi, ses erreurs passées, et c’est nous qui pardonnerons à nos frères égarés ! Autrement, nous vous combattrons jusqu’à la mort ; voilà mon dernier mot.

HENRI. Je le regrette, mais voici le mien : nous repoussons la royauté avec horreur !