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face de la chouannerie nous disions : « Vive le roi quand même ! » Ces gens-là n’ont pas signé le traité de la Mabilaye, et nous n’avons pu répondre que de nous-mêmes. Sous prétexte de les contenir et de les châtier, vous nous avez entourés de troupes qui nous font une existence impossible, contre laquelle il nous est difficile de ne pas protester.

HENRI. Et c’est parce que nous avons sévi contre les bandits qui continuent à exercer le vol et l’assassinat sur toutes les routes, que vous avez appelé l’étranger ici ?

SAINT-GUELTAS. Permettez ! ceci est une autre question. Vos généraux, Canclaux entre autres, nous avaient donné des espérances qui ne se sont pas réalisées.

HENRI. Des espérances ?

SAINT-GUELTAS. Ils ne trahissaient pas leur mandat en cherchant à faire cesser à tout prix la guerre civile. Ils avaient horreur des cruautés exercées contre nous, ils les désavouaient, ils voulaient imprimer à la tyrannie républicaine un mouvement de recul qui permettrait à l’opinion de se manifester, et, nous qui croyons savoir que la France est royaliste, nous comptions sur le pacifique triomphe de nos idées en vous voyant désavouer vos proconsuls renversés et défendre que nous fussions traités de brigands. L’événement a déjoué leurs espérances et les nôtres ; la Convention règne encore, nos amis et nos parents sont toujours proscrits et remplissent encore vos prisons. Vous vous tenez toujours en armes autour de nous, enfin votre déesse Liberté est toujours montée sur son rouge piédestal, l’échafaud. Dans cet état de choses, le cri du peuple est étouffé. La guerre que vous