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HENRI. Comme ennemi politique ?

SAINT-GUELTAS. Comme ennemi personnel.

HENRI. Vous pensiez devoir vous débarrasser d’un ennemi de votre bonheur ?

SAINT-GUELTAS. D’un ennemi de mon honneur.

HENRI. Qui a pu vous faire penser… ?

SAINT-GUELTAS. Un hasard, une coïncidence… L’amour a ses faiblesses, la jalousie ses aberrations. Vous n’exigez pas que je me confesse davantage ? J’ai été désarmé par votre franchise, soyez-le par la mienne ! (Il lui tend la main.)

HENRI, lui donnant la main. Il suffit. Et maintenant, monsieur, nous séparerons-nous sans que vous me chargiez pour le général en chef de quelque parole d’estime ? Il est de ceux dont tous les partis respectent le caractère, et vous l’avez connu à Nantes lorsque vous y avez signé l’an dernier un traité de paix…

SAINT-GUELTAS. Qui n’a été tenu de part ni d’autre.

HENRI. Il me semblait…

SAINT-GUELTAS. Pardon si je vous interromps ! Il vous semblait qu’en dépit de nos promesses, nous avions continué la guerre d’escarmouches qui épuise vos troupes et empêche la République de dormir tranquille ? Songez, monsieur, que nous n’avons jamais eu comme vous des soldats enrôlés par force, et que les nôtres se licencient eux-mêmes quand il leur plaît, ou reprennent les armes pour leur propre compte comme ils l’entendent. On avait exaspéré nos paysans. Ils se vengent sans nous et souvent à notre insu, quand l’occasion s’en présente. Ils rendent le mal qu’on leur a fait. Est-ce notre faute, et pouvons-nous les désavouer ? Vous avez dit sous la Terreur : « Vive la République malgré tout ! » Permettez qu’en