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HENRI. Il les connaît, lui, c’est tout ce qu’il faut !

LE BRETON. Mais si je les savais aussi ?

HENRI. Voyons !

LE BRETON. Il s’est fait aimer d’une femme que vous aimiez, et vous souhaiteriez vous battre en duel avec lui : idée de gentilhomme !

HENRI. La femme que j’aimais comme ma sœur et qui m’aimait comme son frère est devenue sa femme légitime. Je suis à la veille d’épouser une personne que j’aime, et, à moins que M. Saint-Gueltas, qui passe pour être peu fidèle en amour, ne maltraite et n’avilisse ma parente… Mais je ne suppose pas cela ; et vous ?

LE BRETON, s’oubliant. Saint-Gueltas n’a jamais avili ni maltraité les femmes qui se respectent.

HENRI. Alors, comme ma cousine est de celles-là, je n’ai probablement aucune réparation à vous demander.

LE BRETON. À me demander ?

HENRI. Oui, monsieur le marquis, je vous reconnais maintenant, non par suite d’un souvenir bien marqué, mais à cause de votre air et de vos paroles. Vous êtes Saint-Gueltas en personne, et vous avez voulu vous moquer de moi. Je vous le pardonne, à la condition que vous me donnerez de cette tentative une raison aussi loyale que ma réponse.

SAINT-GUELTAS. M. le comte de Sauvières veut-il accepter mes excuses ?

HENRI. Certes, monsieur ; mais je serais plus touché d’un aveu sincère que d’une courtoisie évasive. Pourquoi m’avez-vous tendu ce piége ?

SAINT-GUELTAS, souriant. Vous tenez à le savoir ? Eh bien, je vais vous le dire : je voulais vous tuer !